Ambroise Bucher et Alice Gauthier
Arrêts sur image d’un poète-rêveur
Voici l’histoire d’un jeune homme qui n’a pas fini de grandir. Abandonné à ses rêves qui le portent au-dessus de la violence et de la pression d’une société contre-nature, le voilà qui s’envole à la recherche d’un amour évadé, dans un voyage inconscient où tout est possible, et où tout est faisable…
L’imaginaire, l’absurde, le symbole, sont les valeurs et thématiques de notre travail. Notre rencontre nous a amenés à révéler nos envies, à savoir interagir avec la réalité, tout en approfondissant l’expérimentation du rêve dans cette réalité.
Pour ma part, je cherche à explorer différents personnages, à leur trouver une histoire, à les rendre sensibles et donc poétiques dans le tableau de notre société actuelle.Le travail d’Alice consistait à peindre des personnages dans la ville et à interagir avec celle-ci..
Se réunir sur un travail commun semblait ainsi intéressant.De ma volonté d’apporter à Alice des figures amoureuses, seules, et joyeuses ; de sa volonté de saisir un instant-clé de leurs histoires respectives, à l’aide de la photographie, ou du mouvement dans l’espace de la vidéo, nous avons trouvé une harmonie.
Interagir avec la Ville ou encore avec la Nature et plus objectivement avec « L’Autre » nous passionne à tous les points de vue. L’idée d’enfreindre une règle sans avoir l’impression de faire du mal nous stimule. Monter dans un arbre, le serrer, sauter partout, courir, crier de joie, soit disant : baigner dans un rêve, comme un enfant, ne pourrait pas, à priori, être objet de poursuite judiciaire. Et pourtant aujourd’hui, notre société nous l’interdirait.
Mais en voudrait-on à un enfant ? C’est bien parce qu’un enfant ne comprend pas encore tout, découvre le monde, ne connaît pas la peur du regard extérieur, qu’il peut s’exprimer pleinement, sans qu’on lui en veuille. Quand on regarde notre travail, c’est l’enfance que je vois dépeinte.
C’est en outre une porte de sortie qui nous permet probablement de se déculpabiliser d’enfreindre une règle et de chercher comment, dans une société faite d’interdits, un être a une place pour exprimer son amour.
Et nous connaissant maintenant un peu, je pense que c’est ce qui nous ressemble le plus : des adultes avec des rêves et des souvenirs d’enfants.
Ambroise BUCHER
Comment je peux intervenir dans l’espace urbain en préservant un univers personnel ? Et quels seront les résultats de la confrontation de la ville réelle avec la fiction qui tourne autour de mes thèmes ?
Ce sont ce genre de questions qui m’ont poussée à travailler ce projet consistant à mettre en scène des situations à la fois absurdes, improbables et surprenantes. On pourrait dire que ce sont des « mini pièces de théâtre », le décor, c’est la ville et l’acteur s’y déplace pour raconter ses histoires. Par contre, il n’y a pas de scène, ou du moins, on se la fabrique, avec un trottoir, un muret ou une barrière…espace Par le biais de la photographie et de la vidéo, nous avons commencé a explorer les différentes scénettes qui nous faisaient écho : personnellement, mais aussi en interaction avec les paysages, les citadins, les lieux …
En se baladant, on croise une montagne de sable d’un chantier, qui devient à nos yeux un support, quelque chose d’autre. Sans cesse à la recherche de nouvelles idées qui en entraînent d’autres et qui nous pousse à continuer ce travail, nous restons dans des moyens très simples et accessibles. Il ne s’agit pas de chercher à grimper sur tout ce que l’on croise, en escaladant et en prenant des risques. Ce qui nous plaît ce sont des interventions discrètes, relativement rapides et poétiques. La position, l’endroit, et même encore l’action du personnage sont des caractéristiques essentielles de la prise de vue. Parfois un accessoire nous est utile (un escabeau, un rouleau de peinture, un parapluie etc.), mais pas nécessaire.
En effet, lorsqu’Ambroise est à bout de bras, perché sur un lampadaire, je sais que je n’ai que quelques secondes pour prendre la photo. Il s’agit de capter le meilleur.
Aujourd‘hui nous continuons, sans doute en ciblant de mieux en mieux ce qui nous intéresse, parfois en sortant dans la rue sans savoir vraiment ce que nous allons faire, ni ce que nous voulons raconter, ce qui nous permet aussi de garder cet esprit de spontanéité dans ces petites scènes éphémères et improbables.